Pathologie inflammatoire chronique, la parodontite touche 1,1 milliard de personnes dans le monde. Son impact dépasse largement la sphère bucco-dentaire, soulignant la nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire, impliquant médecins généralistes et spécialistes dentaires.
Un défi de santé publique mondial
La parodontite, caractérisée par une destruction progressive des tissus parodontaux, peut mener à la perte des dents si elle n’est pas traitée. Mais au-delà de ses répercussions locales, cette pathologie est liée à des maladies systémiques majeures. La Fédération Européenne de Parodontologie a récemment publié un consensus visant à renforcer la collaboration entre les médecins généralistes et les professionnels bucco-dentaires. Objectif : améliorer la prévention, le diagnostic et la prise en charge de cette pathologie complexe.
Diabète et parodontite : une relation bidirectionnelle
L’interconnexion entre diabète et parodontite est désormais bien documentée. L’hyperglycémie exacerbe l’inflammation des tissus parodontaux, ralentit la cicatrisation et favorise la progression de la maladie. Inversement, la parodontite peut augmenter les niveaux d’HbA1c, aggravant ainsi le contrôle glycémique.
Les études montrent que le traitement parodontal peut améliorer la régulation de la glycémie, soulignant l’importance d’une collaboration étroite entre généralistes et dentistes. Les médecins doivent être particulièrement vigilants aux signes de parodontite (saignements, mobilité dentaire) chez leurs patients diabétiques ou prédiabétiques. Une orientation précoce vers un spécialiste bucco-dentaire peut améliorer à la fois la santé bucco-dentaire et les paramètres métaboliques.
Maladies cardiovasculaires : des mécanismes inflammatoires partagés
Le lien entre maladies cardiovasculaires et parodontite repose sur des facteurs de risque communs, tels que le tabagisme, et des mécanismes inflammatoires systémiques. Bien que les études n’aient pas encore démontré une réduction directe des événements cardiovasculaires grâce au traitement parodontal, des bénéfices indirects, tels que l’amélioration de la pression artérielle, ont été observés.
Pour les patients atteints de maladies cardiovasculaires, les généralistes jouent un rôle clé. Ils peuvent repérer les signes de parodontite et encourager une consultation dentaire spécialisée. Les traitements parodontaux, s’ils sont bien encadrés, ne présentent pas de risque pour ces patients.
Parodontite et maladies respiratoires : un nouveau front
Les maladies respiratoires chroniques, notamment la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), sont également associées à la parodontite. Les patients atteints de cette dernière présentent un risque accru de 33 % de développer une BPCO. En outre, la parodontite pourrait aggraver la capacité fonctionnelle respiratoire des patients BPCO.
La lutte contre le tabagisme devient alors une priorité pour ces patients, avec des bénéfices notables sur la santé respiratoire et bucco-dentaire. Par ailleurs, le lien entre parodontite et apnée obstructive du sommeil, ainsi que son rôle potentiel dans les complications liées au Covid-19, élargissent encore le champ d’intervention des généralistes.
Un appel à la collaboration
La parodontite est un enjeu de santé publique mondial qui nécessite une approche transdisciplinaire. En renforçant la collaboration entre généralistes et chirurgiens-dentistes, il est possible de prévenir ou d’atténuer ses conséquences sur la santé systémique. Ce partenariat promet une meilleure prise en charge des patients et une réduction des impacts de cette maladie silencieuse mais dévastatrice.