Un rapport sénatorial publié le 26 septembre 2024 s’est penché sur les hausses des tarifs des complémentaires santé, prévoyant une augmentation moyenne de 8,1 % pour l’année 2024. Ces chiffres, largement critiqués par les sénateurs, ont de quoi interpeller le secteur dentaire. Bien que ces hausses concernent l’ensemble des professionnels de santé, l’impact sur les chirurgiens-dentistes et leurs patients reste un enjeu à suivre de près.
Des hausses de cotisations remises en question
Les sénateurs dénoncent un écart important entre la justification des complémentaires santé, qui lient cette augmentation à l’inflation et aux dépenses croissantes de santé et la réalité des besoins financiers. Selon leurs calculs, les hausses devraient être comprises entre 4,5 % et 6,5 % pour 2024, en phase avec les prévisions de la Sécurité sociale. Les dépenses liées au vieillissement de la population et à la consommation accrue de soins ne suffisent donc pas à expliquer la flambée des cotisations. Ce sont surtout les frais de gestion des complémentaires, qui représentent en moyenne 20 % des cotisations, qui soulèvent des interrogations. Leur augmentation, de 33 % entre 2011 et 2022, est jugée disproportionnée, notamment en comparaison avec les frais de l’Assurance maladie obligatoire.
Quelles répercussions pour les chirurgiens-dentistes ?
Pour les chirurgiens-dentistes, les conséquences directes de ces hausses tarifaires restent limitées en ce qui concerne l’accès aux soins essentiels, particulièrement grâce au dispositif « 100 % santé » qui continue de garantir un remboursement intégral sur une partie des soins prothétiques. Cependant, les actes hors nomenclature (implants, soins esthétiques, orthodontie adulte) pourraient devenir plus coûteux pour les patients, entraînant un risque de renoncement aux soins pour certains.
Frais de gestion et inefficacité pointés du doigt
Les frais de gestion, comprenant les coûts de traitement des dossiers, l’administration des contrats et l’acquisition de nouveaux clients, sont au cœur du problème. Le rapport note que ces frais, qui diffèrent selon les familles de complémentaires (allant de 14 % à 22 % des cotisations), n’ont cessé d’augmenter. Malgré la numérisation des processus (comme la télétransmission NOÉMIE), qui aurait dû générer des économies, ces frais continuent de croître à un rythme supérieur à l’inflation. Cette situation alimente indirectement les hausses des cotisations.
Médecines douces : vers une optionnalité
Le rapport propose également une révision des contrats solidaires et responsables pour réduire les coûts superflus. Il s’agit notamment de rendre optionnelle la couverture des médecines dites douces (ostéopathie, sophrologie, naturopathie, etc.), dont la prise en charge a explosé ces dernières années, atteignant près d’un milliard d’euros en 2023. Ces pratiques, dont l’efficacité scientifique est contestée, alourdissent inutilement les cotisations selon les sénateurs.
Une transparence renforcée
Enfin, les sénateurs préconisent une plus grande transparence des complémentaires santé sur leurs frais de gestion. Ils suggèrent de publier un classement des organismes en fonction de ces frais et d’informer annuellement les assurés du coût exact de la gestion de leurs contrats. Cela pourrait encourager une concurrence plus saine entre les complémentaires, en incitant à réduire les frais inutiles