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A l’occasion de la Grande Conférence de la santé, organisée le 11 février 2016, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a réalisé un inventaire inédit des connaissances disponibles sur les professionnels de santé notamment sur les chirurgiens-dentistes. Tous les chiffres clés sur les différents aspects de la profession ont été rassemblés dans une étude dont voici les principales conclusions.

 

Les chirurgiens-dentistes : des effectifs en stagnation

 

Dans le répertoire des professions de santé (RPPS), on compte le 1er janvier 2015, 41 500 chirurgiens-dentistes actifs exerçant sur l’ensemble du territoire français. Contrairement aux trois autres professions médicales et pharmaceutiques que sont les médecins, les pharmaciens et les sages-femmes, les effectifs de chirurgiens- dentistes stagnent depuis la fin des années 1990 (graphique ci-dessous), et leur densité diminue pour atteindre 63 praticiens pour 100 000 habitants en 2015, contre 68 en 1999. Près de neuf chirurgiens-dentistes sur dix exercent aujourd’hui en libéral.

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La profession de chirurgien-dentiste présente un profil similaire à celui des médecins en termes de structure d’âge et de sexe. Plutôt âgée, avec un âge moyen de 48 ans en 2015, soit trois ans de plus qu’en 2001, et majoritairement masculine avec 58 % d’hommes, elle se féminise progressivement. Les femmes représentent ainsi 54 % des chirurgiens-dentistes de moins de 45 ans. La profession est cependant en voie de rajeunissement, en lien avec les évolutions du numerus clausus correspondant qui, après avoir connu un fort recul jusqu’au début des années 1990, se redresse nettement depuis 2001. De nouvelles générations plus nombreuses arrivent donc progressivement en exercice.

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Une part élevée de praticiens diplômés à l’étranger parmi les nouveaux chirurgiens-dentistes

 

D’après les données du répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS), 2 600 dentistes diplômés à l’étranger (6 % de l’ensemble) exercent en France. Au cours de la période récente, la part des nouveaux inscrits à l’Ordre qui détiennent un diplôme étranger est particulièrement élevée pour les médecins et les chirurgiens-dentistes.

Concernant les chirurgiens-dentistes la part des nouveaux inscrits titulaires d’un diplôme étranger connaît un essor très signicatif depuis une quinzaine d’années, elle atteint aujourd’hui pratiquement un tiers (graphique ci-dessous). Au cours des trois dernières années, moins d’un sur huit avait la nationalité française.

Les dentistes ayant étudié à l’étranger ont majoritairement passé leur diplôme en Europe de l’Ouest (48 %) et, dans une moindre mesure, en Europe de l’Est (29 %), loin devant les pays du Maghreb (8 %) .

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Les chirurgiens-dentistes très concentrés dans les grands pôles

 

La répartition des professionnels de santé libéraux de premier recours constitue un enjeu crucial pour l’accès aux soins. La DREES a développé, en collaboration avec l’IRDES, un indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) permettant de dresser un état des lieux de l’accessibilité à l’offre libérale de soins de ville en médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, pour les quatre spécialités en accès direct (ophtalmologie, gynécologie, pédiatrie et psychiatrie) ainsi que pour quatre autres professions de santé (sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes, infirmiers et pharmaciens). Cet indicateur permet de synthétiser au niveau communal l’adéquation entre l’offre de soins locale (c’est-à-dire celle de la commune ainsi que celles des communes environnantes) et la demande de soins en tenant compte des besoins plus élevés des plus âgés. Le calcul de l’indicateur nécessite de retenir des hypothèses en partie conventionnelles sur l’accessibilité ; il faut donc moins interpréter les résultats en termes absolus qu’en termes relatifs, en comparant le niveau d’accessibilité des zones entre elles.

L’accessibilité aux chirurgiens-dentistes est un peu plus faible que l’accessibilité aux médecins généralistes et leur répartition est assez proche : ils sont concentrés dans les pôles de toutes tailles – à l’exception de l’unité urbaine de Paris, relativement peu dotée – et les communes isolées de l’influence des pôles sont mieux desservies que les couronnes rurales des pôles.

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La répartition des professionnels de santé est en outre plus dispersée pour les professions les moins nombreuses : concernant l’accès aux chirurgiens-dentistes, aux gynécologues ou aux ophtalmologues, un rapport de 6 à 8 sépare les 10 % des habitants les mieux lotis des 10 % des habitants les moins bien lotis.

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Les chirurgiens-dentistes : de fortes disparités de revenus

 

Depuis quelques années, la DREES recueille les données relatives aux revenus complets des chirurgiens-dentistes, exerçant en libéral, à travers les déclarations d’imposition sur le revenu appariées aux données de l’Assurance maladie. La dernière année disponible date de 2011.

Les chirurgiens-dentistes libéraux ont déclaré en 2011, en moyenne, 102 700 euros de revenus d’activité, qui se partagent entre 101 180 euros de revenu libéral et 1 530 euros de revenu salarié. Le revenu salarié est donc très faible par rapport à la composante libérale du revenu. En revanche, plus encore que les médecins, la dispersion des revenus est très importante chez les chirurgiens-dentistes, cette spécialité regroupant ici les spécialistes en orthopédie dento-faciale (ODF) aux revenus très élevés et les autres chirurgiens-dentistes. Le rapport entre le revenu moyen des 10 % les mieux rémunérés et celui des 10 % les moins rémunérés s’élève à 13,0 en 2011, contre 10,7 pour les médecins.

Entre 2008 et 2011, les revenus des chirurgiens- dentistes ont crû de façon dynamique (+1,2 % par an en moyenne, en euros constants), à un rythme très proche de celui des médecins (+1,3 %). Restreinte aux praticiens qui exerçaient aux deux dates, la progression est légèrement plus modérée (+1,0 %). Ce champ exclut en effet les dentistes ayant cessé leur activité entre 2008 et 2011 (les « sortants »), ainsi que les nouveaux dentistes installés entre les deux dates (les « entrants »), les effectifs étant équivalents pou ces deux groupes. Or, en 2008, les revenus des premiers étaient signicativement inférieurs à ceux des seconds en 2011, en lien avec un niveau d’activité des libéraux souvent réduit à l’approche de la retraite. La neutralisation de cet effet « entrées-sorties » tend donc à infléchir l’évolution des revenus observée entre 2008 et 2011.

 

La formation continue chez les chirurgiens-dentistes

 

Depuis son inscription en 1979 dans le Code de déontologie des médecins et son inscription en tant qu’obligation légale en 1996, la formation continue des professionnels de santé a connu des transformations importantes. Après la création du développement professionnel continu (DPC) en 2009 par la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST), une nouvelle réforme d’ampleur est en cours début 2016.

L’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC), créé en 2009 par la loi HPST – et qui sera transformé en Agence nationale du DPC en 2016 – est un groupement d’intérêt public piloté par l’État et l’Assurance maladie.

Entre 2013 et 2015, 32 % des chirurgiens-dentistes éligibles à une formation continue financée par l’OGDPC– ont finalement suivi une formation financée par cet organisme. Cette proportion varie selon les professions médicales mais les chirurgiens-dentistes enregistrent une des proportions les plus faibles des formés par rapport aux éligibles parmi les professionnels de santé.

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Démographie des chirurgiens-dentistes : pas encore de baisse en vue

 

Le dernier exercice de projection démographique de chirurgiens-dentistes a été réalisé par la DREES en 2007, les simulations couvrant la période 2006-2030. Avec un numérus clausus encore relativement bas (977 étudiants contre près de 1200 aujourd’hui), et un vieillissement de la profession amorcé depuis longtemps, le scénario tendanciel prévoyait un net fléchissement des effectifs dès le début de l’horizon de projection, qui devait s’amplifier jusqu’au début des années 2020. Les effectifs devaient ainsi chuter d’environ 1,6% par an entre 2006 et 2030, le repli étant encore plus accentué en considérant la densité de chirurgiens-dentistes, d’où une répartition stable entre les deux modes d’exercice à l’horizon 2030, avec près de neuf praticiens sur dix exerçant en libéral. Enfin, les femmes devaient continuer à être de plus en plus nombreuses dans la profession, elles représenteraient 45% des effectifs en 2030.

Les variantes modélisant des augmentations immédiates du numerus clausus, dont les effets ne se font sentir qu’à long terme compte tenu de la longueur des études d’odontologie, ne devaient atténuer cette baisse prévue de la démographie que de façon modeste. Un relèvement simulé du numerus clausus à 1 200 places par exemple, qui correspond davantage à la situation actuelle, ne devait pas empêcher les baisses des effectifs et de densité prévisibles (respectivement -1,2 % et -1,4 % par an en moyenne).

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Evolution du numerus clausus pour l’odontologie depuis son instauration

 

Les effectifs observés depuis 2006 à travers les répertoires Adeli et RPPS (voir la fiche 2) tendent à relativiser fortement, du moins à court terme, ces scénarios plutôt pessimistes. Si une légère baisse des effectifs a bien été enregistrée entre 2006 et 2010, un redressement sensible s’est réamorcé depuis. Plusieurs facteurs expliquent cet écart entre les effectifs projetés et ceux finalement observés depuis 2006. Premièrement, aucun des scénarios modélisés dans l’exercice de 2007 ne tenait compte de l’effet des réformes des retraites de 2003 et de 2010. Ceci a probablement conduit à surestimer une partie des départs à la retraite projetés sur les années récentes. Deuxièmement, le dispositif cumul emploi-retraite s’est également développé chez les chirurgiens-dentistes libéraux comme chez leurs confrères médecins, notamment depuis son assouplissement récent. Ce dispositif n’était pas anticipé par les différents scénarios de projection, alors qu’il a probablement conduit, comme c’est le cas pour les médecins, à inciter une partie importante des praticiens libéraux en fin de carrière à poursuivre leur activité. Troisièmement, les installations de nouveaux chirurgiens-dentistes à diplôme étranger sont particulièrement nombreuses depuis quelques années, où près d’un tiers des nouveaux inscrits à l’Ordre ont fait leurs études à l’étranger. Comme pour les projections de médecins, ces flux d’entrants venant de l’étranger n’étaient pas intégrés aux projections de chirurgiens-dentistes de 2007, or ils ont certainement contribué au redressement des effectifs durant la période récente.

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Source : Portrait des professionnels de santé – Edition 2016 – Panoramas de la DRESS

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