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La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) a publié le 12 février 2016 une étude complète sur le portrait des professionnels de santé. Dynamique Dentaire s’est intéressé aux résultats portant sur les chirurgiens-dentistes.

 

Les effectifs des chirurgiens-dentistes stagnent depuis la fin des années 1990

La France comptait au 1er janvier 2015, 41 500 chirurgiens-dentistes actifs exerçant sur le territoire français. Près de 9 chirurgiens-dentistes sur 10 exercent aujourd’hui en libéral.

Contrairement aux trois autres professions « médicales et pharmaceutiques » que sont les médecins, les pharmaciens et les sages- femmes, les effectifs de chirurgiens-dentistes stagnent depuis la fin des années 1990 (figure 1.a) et leur densité diminue pour atteindre 63 praticiens pour 100 000 habitants en 2015 (contre 68 en 1999).

Evolution des effectifs des chirurgiens-dentistes en France

 

La profession de chirurgien-dentiste plutôt âgée et majoritairement masculine

La moyenne d’âge du chirurgien-dentiste est de 48 ans en 2015, soit 3 ans de plus qu’une 2001. Cependant, la DREES note que la profession est en voie de rajeunissement, en lien avec les évolutions du numerus clausus correspondant, qui, après avoir connu un fort recul au début des années 1990, se redresse nettement depuis 2001 : de nouvelles générations arrivent donc progressivement en exercice.

 

Pyramide-des-âges-dentistes-2015

Les hommes représentent 58% des effectifs même si la profession se féminise progressivement. Les femmes représentent ainsi 54% des chirurgiens-dentistes de moins de 45 ans.

 

Un tiers des nouveaux inscrits au Conseil de l’Ordre des chirurgiens-dentistes a obtenu son diplôme à l’étranger

Les quatre professions médicales et pharmaceutiques (médecin, pharmacien, chirurgien-dentiste, sage-femme) peuvent être exercées de plein droit en France par les titulaires d’un diplôme délivré dans l’un des États membres de l’Union européenne, d’un autre État de l’Espace économique européen (EEE) ou de la Suisse, après inscription au Conseil de l’Ordre correspondant. Les détenteurs d’un diplôme obtenu hors de l’EEE peuvent, quant à eux, se porter candidat à la procédure d’autorisation d’exercice organisé par le ministère de la Santé : en cas de succès, cette autorisation leur permet de s’inscrire au Conseil de l’Ordre et d’exercer de plein droit leur profession sur le territoire.

Actuellement,  seuls 2 600 chirurgiens-dentistes diplômés à l’étranger exercent en France, soit 6% de l’ensemble vs 10% de l’ensemble des médecins. En revanche, la part des nouveaux inscrits titulaires d’un diplôme étranger connaît un essor très significatif depuis une quinzaine d’année, elle atteint aujourd’hui pratiquement un tiers.

Au cours des trois dernières années, moins d’un nouvel inscrit titulaire d’un diplôme étranger sur huit avait la nationalité française.

Part des détenteurs d'un diplome etranger chez les chirurgiens dentistes en France

Les dentistes ayant étudié à l’étranger ont majoritairement passé leur diplôme en Europe de l’Ouest (48%), et dans une moindre mesure, en Europe de l’Est (29%), loin devant les pays du Maghreb (8%) .

 

Les chirurgiens-dentistes : de fortes disparités de revenus

Dans l’étude de la DREES, la spécialité des chirurgiens-dentistes regroupe les spécialistes en orthopédie dento-faciale (« ODF ») aux revenus très élevés et les autres chirurgiens-dentistes. Le rapport entre les revenus moyen des 10% les mieux rémunérés et celui des 10% les moins rémunérés s’élève à 13 en 2011 contre 10,7 pour les médecins.

Les revenus des chirurgiens-dentistes – 6 900 € net mensuel médian – se situe juste au dessus de ceux des médecins généralistes (5 700 €). Les pharmaciens biologistes dirigeant un laboratoire d’analyse (10 600€), les pharmaciens (7 700 €) et les médecins spécialistes (7 200 €) ont, quant à eux, un revenu supérieur à ceux des chirurgiens-dentistes.

Revenus des dentistes en France

Pour autant, entre 2008 et 2011, les revenus des chirurgiens-dentistes ont crû de façon dynamique (+1,2% par an en moyenne, en euros constants) à un rythme très proche de celui des médecins (+1,3%). Restreinte aux praticiens qui exerçaient aux deux dates, la progression est néanmoins légèrement plus modérée (+1%).

 

Projection démographique des chirurgiens-dentistes : pas de baisse encore en vue

Le dernier exercice de projection démographique de chirurgiens-dentistes a été réalisé par la DREES en 2007, les simulations portant sur la période 2006-2030.

Avec un numerus clausus encore bas en 2006 (977 étudiants contre environ 1200 aujourd’hui) et un vieillissement de la profession amorcé depuis longtemps, le scénario tendanciel prévoyait un fléchissement des effectifs dès le début de l’horizon de projection, qui devait s’amplifier jusqu’au début des années 2020.

Les effectifs devaient ainsi chuter d’environ 1,6 % par an entre 2006 et 2030, ce repli étant encore plus accentué en considérant la densité de chirurgiens-dentistes par rapport à l’ensemble de la population (-2 % par an). La diminution du nombre de chirurgiens-dentistes devait affecter autant les libéraux que les salariés, d’où une répartition stable entre les deux modes d’exercice à l’horizon 2030, avec près de neuf praticiens sur dix exerçant en libéral. Enfin, les femmes devaient continuer à être de plus en plus nombreuses dans la profession, elles représenteraient 45 % des effectifs en 2030.

Les variantes modélisant des augmentations immédiates du numerus clausus, dont les effets ne se font sentir qu’à long terme compte tenu de la longueur des études d’odontologie, ne devaient atténuer cette baisse prévue de la démographie que de façon modeste. Un relèvement simulé du numerus clausus à 1 200 places par exemple, qui correspond davantage à la situation actuelle, ne devait pas empêcher les baisses d’effectifs et de densité prévisibles (respectivement -1,2 % et -1,4 % par an en moyenne).

projection-demographique-chirurgiens-dentistes-France

Les effectifs observés depuis 2006 au travers des répertoires Adeli et RPPS tendent à relativiser fortement, du moins à court terme, ces scénarios plutôt pessimistes. Si une légère baisse des effectifs a bien été enregistrée entre 2006 et 2010, un redressement sensible s’est réamorcé depuis (figure 4.a). Trois facteurs principaux expliquent cet écart entre les effectifs projetés et ceux finalement observés depuis 2006.

Tout d’abord aucun des scénarios modélisés dans l’exercice de 2007 ne pouvait tenir compte de l’impact des réformes des retraites de 2003 et 2010. Ceci a probablement conduit à surestimer une partie des départs à la retraite projetés sur les années récentes.

Deuxièmement, le dispositif de cumul emploi-retraite s’est également développé chez les chirurgiens-dentistes libéraux comme chez leurs confrères médecins, notamment depuis son assouplissement récent. En effet, depuis fin 2010, les professionnels peuvent ainsi désormais cumuler sans aucune restriction la pension du régime de base avec les revenus de leur activité libérale. Auparavant, un plafond de revenu était imposé.

Ce dispositif n’était pas anticipé par les différents scénarios de projection, alors qu’il a probablement conduit, comme c’est le cas pour les médecins, à inciter une partie importante des praticiens libéraux en fin de carrière à poursuivre leur activité.

En enfin, les installations de nouveaux chirurgiens-dentistes à diplôme étranger sont particulièrement nombreuses depuis quelques années, où près d’un tiers des nouveaux inscrits à l’Ordre ont fait leurs études à l’étranger. Ces flux d’entrants venant de l’étranger n’étaient pas intégrés aux projections de chirurgiens-dentistes de 2007, or ils ont certainement contribué au redressement des effectifs durant la période récente.

 

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Source : Portrait des professionnels de santé (DREES – février 2016)

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