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Un soldat britannique, père de 2 enfants, a subitement perdu la mémoire en plein milieu d’une intervention dentaire. Son horloge interne s’est bloquée au 14 mars 2005 et depuis il est incapable de se former de nouveaux souvenirs.

C’est la BBC qui relate les faits. Ce soldat, nommé William pour préserver son anonymat, est membre des forces armées britanniques au moment des faits. Il est rentré en Allemagne la veille de son rendez-vous chez le dentiste, pour reprendre son poste. Il avait assisté quelques jours auparavant à l’enterrement de son grand-père.

Le matin de l’intervention, il s’est rendu à la salle de sport pour jouer au volley-ball puis a classé ses emails avant de se rendre chez le dentiste pour une dévitalisation.

William se souvient être monté sur le fauteuil et avoir été anesthésié localement. A partir de ce moment là, c’est le trou noir.

Depuis cette intervention, William est incapable de se souvenir d’une nouvelle chose pendant plus d’une heure et demi… Alors qu’il se souvient du décès de son grand-père et d’autres évènements antérieurs à ce jour, il ne se rappelle même plus où il habite maintenant et se réveille chaque matin, pensant qu’il est encore en 2005 en Allemagne le jour de son rendez-vous chez le dentiste.

Son épouse et lui sont obligés de rédiger des notes détaillées dans son smartphone dans un dossier intitulé « Avant toute chose – Lire ça » ; ce qui n’est pas sans rappeler le film Memento de Christopher Nolan.

William a perdu la capacité à former de nouveaux souvenirs. Et sans nouveau souvenir, le temps qui passe ne veut rien dire pour lui…C’est comme s’ils étaient écrits à l’encre invisible et disparaissaient lentement.

Mais alors, comment une intervention dentaire aussi bénigne a-t-elle pu affecter son cerveau à un tel degré?

Pour le moment, le mystère reste entier.

Même les évènements qui ont conduit à l’amnésie de William sont très déroutants. Au moment de la dévitalisation, le dentiste ne s’est aperçu de rien. Ce n’est que quand il a demandé à William de retirer ses lunettes de protection fumées qu’il s’est aperçu que ce dernier était très pâle et qu’il avait des difficultés à se relever.

Incapable de se rappeler quoique ce soit plus de quelques minutes, après être sorti de son état de confusion mental, William a alors été hospitalisé pendant 3 jours. Les médecins ont d’abord soupçonné une hémorragie cérébrale qui aurait pu être provoquée par l’anesthésie. Mais son cerveau est intact et les multiples scanners et examens n’ont montré aucune lésion.

En réalité, William serait atteint d’une  forme d' »amnésie antérograde« . Son cas présente en effet des similitudes avec celui du célèbre patient Henry Molaison, devenu amnésique à la suite d’une opération chirurgicale effectuée en 1953 par William Scoville, un neurochirurgien du Connecticut. Ce drame avait permis de mettre en évidence le rôle primordial que remplit l’hippocampe dans les processus de mémorisation des évènements (mémoire épisodique), en jouant le rôle de répétiteur des informations en rapport avec le cortex cérébral proprement dit.

Souffrant d’épilepsie résistante aux médicaments, Henry Molaison avait subi une opération chirurgicale expérimentale consistant à lui retirer bilatéralement une large portion des deux hippocampes et des tissus environnants des lobes temporaux, où Scoville pensait que les foyers épileptogènes étaient localisés. Mais à son réveil, Henry Molaison souffrait d’une amnésie antérograde quasi totale alors même que sa mémoire immédiate, dite « mémoire à court terme » était intacte : il était incapable de retenir une information au-delà de quelques secondes à moins de faire un effort constant de répétition. Il se souvenait parfois de certaines informations très ponctuelles comme le fait qu’il avait « des problèmes de mémoire » ou qu’« une personne célèbre appelée Kennedy avait été assassinée. »

Il souffrait aussi d’une amnésie rétrograde de plusieurs années de sa vie. Même si ces souvenirs étaient extrêmement rares, ils avaient tout de même retenu certaines informations comme le plan de sa nouvelle maison, son visage dans le miroir ou encore le décès de ses parents, par leur caractère très répétitif ou à charge émotionnelle forte.

L’émotion et la répétition permettraient en effet d’utiliser d’autres structures du cerveau pour mieux mémoriser ces informations, comme le système limbique.

Seulement les scans du cerveau de William ne présentent eux, aucune lésion et ses symptômes ne correspondent pas parfaitement à ceux des autres amnésiques antérograde.

Une autre piste pourrait associer l’amnésie de William à une « maladie psychogène ». Certains patients présentent une perte de mémoire après un évènement traumatique mais là encore, William n’aurait subi aucun traumatisme avant l’intervention et selon ses évaluations psychiatriques, il serait même en parfaite santé émotionnelle.

Son psychologue, le Docteur Gerarld Burgess, espère que ses publications dans la revue PubMed au sujet de William feront progresser la science.

Son cas nous rappelle à quel point nos connaissances sont limitées sur le cerveau.

 

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Sources : BBC et Wikipedia

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