Alors que le système de santé français est à un tournant crucial, les résultats d’un récent sondage d’Odoxa pour la Mutualité Française*, révèlent que l’avenir de la santé constitue une préoccupation majeure pour une large majorité de la population. Les difficultés d’accès aux soins, les inquiétudes sur l’avenir de la Sécurité sociale, et la nécessité d’une réorganisation du système de santé sont au cœur des angoisses des Français. Voici les principaux enseignements de cette enquête.
Un accès aux soins de plus en plus difficile
La première source d’inquiétude pour les Français est sans surprise l’accès aux soins. Selon le sondage, 77% des Français ont des difficultés à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste et 38% peinent même à consulter un généraliste. Ce problème est d’autant plus alarmant que 62% des sondés déclarent avoir dû renoncer à des soins au cours des 12 derniers mois, pour des raisons de coût, de distance ou de disponibilité.
À cette problématique déjà préoccupante s’ajoute l’inquiétude de voir la situation empirer dans les années à venir. 85% des Français estiment que le reste à charge pour les patients – c’est-à-dire ce qui n’est pas couvert par la Sécurité sociale ou les mutuelles – va augmenter, aggravant encore plus l’accès aux soins pour les plus vulnérables.
L’avenir incertain de la Sécurité sociale
La situation financière de la Sécurité sociale est également une source d’angoisse majeure. 78% des Français craignent que le déficit actuel de la Sécurité sociale remette en cause son avenir et 83% pensent que les remboursements de soins vont se réduire à l’avenir. Dans un contexte d’incertitude politique, ces craintes se trouvent renforcées : 45% des sondés estiment que les résultats des récentes élections législatives auront des conséquences négatives pour le système de santé, contre seulement 18% qui anticipent des effets positifs.
Une réforme du système de santé attendue
Face à ces défis, une large majorité des Français estiment que la solution réside dans une réorganisation totale du système de santé. En effet, 68% des personnes interrogées pensent que cette réorganisation est la meilleure manière de réduire le déficit de la Sécurité sociale. Les autres solutions, telles que la réduction des dépenses (20%) ou l’augmentation des recettes (11%), sont largement rejetées.
Cependant, lorsqu’il s’agit de réduire les dépenses ou d’augmenter les recettes, les Français sont très réticents à accepter des mesures qui pourraient les toucher directement. Les solutions les plus acceptées concernent principalement des efforts demandés aux fraudeurs ou aux fumeurs, plutôt qu’aux entreprises ou aux salariés.
La santé mentale et le vieillissement : deux priorités émergentes
En plus des enjeux financiers, les Français mettent en avant deux nouvelles priorités pour le système de santé : la santé mentale et la prise en charge du vieillissement. 66% des Français se disent personnellement concernés par la gestion du vieillissement et de la dépendance, mais 75% d’entre eux jugent que les pouvoirs publics n’en font pas assez sur ce sujet crucial.
Par ailleurs, la santé mentale est devenue un sujet de plus en plus préoccupant : 41% des Français et 54% des jeunes, déclarent avoir été confrontés à des problèmes comme la dépression ou le burn-out. Cela concerne près de 9 millions de personnes en France, soulignant l’urgence d’une meilleure prise en charge.
La prévention et la lutte contre les déserts médicaux : des solutions plébiscitées
Malgré ces inquiétudes, les Français croient en des solutions à portée de main, notamment en matière de prévention. 84% des sondés pensent que le développement des actions de prévention pourrait aider à réduire le déficit de la Sécurité sociale, notamment pour prévenir les problèmes de santé mentale.
Enfin, 77% des Français jugent prioritaire d’encourager les professionnels de santé à s’installer dans les zones sous-dotées. La lutte contre les déserts médicaux est perçue comme une mesure cruciale pour rétablir un accès équitable aux soins sur tout le territoire.
*Méthodologie : – Recueil : Enquête réalisée par Internet du 10 au 19 juillet 2024.
– Echantillon de 3 015 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont :
• 295 Français ayant entre 18 et 24 ans
• 812 Français âgés de 65 ans et plus
La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. L’échantillon a été raisonné pour garantir des effectifs suffisants dans chaque région et ainsi permettre une fiabilité de lecture par région. Lors du traitement des résultats, chaque région a été remise à son poids réel afin d’assurer la représentativité des résultats.