Un centre dentaire d’Avignon ouvert depuis quelques mois seulement, a été contraint de fermer ses portes suite à une inspection sanitaire menée par l’Agence Régionale de Santé (ARS) le 10 septembre 2024. Cette décision, motivée par des manquements graves aux règles d’hygiène et une non-conformité dans l’agencement des locaux, soulève une nouvelle fois des questions sur le modèle économique des centres dentaires dits « low-cost ».
Le centre, situé avenue Pierre-Semard à Avignon et ouvert au printemps 2024, a fait l’objet d’un contrôle de l’ARS à la suite de plusieurs signalements de patients. Ces inspections ont révélé des « manquements graves » susceptibles de « compromettre la qualité et la sécurité des soins », comme l’a précisé Loïc Souriau, directeur départemental de l’ARS Vaucluse. Bien que les détails exacts des infractions n’aient pas été dévoilés, il est question de problèmes liés aux règles d’hygiène et à l’agencement non conforme des locaux.
L’ARS a donc pris la décision de fermer le centre « jusqu’à nouvel ordre », qui dispose maintenant d’un délai de deux mois pour se conformer aux normes en vigueur, sous peine de fermeture définitive.
Cette fermeture n’est pas une première dans le paysage des centres dentaires dits « low-cost ». Selon le Dr Olivier Jouines, ancien président du syndicat des chirurgiens-dentistes du Vaucluse, ce modèle, souvent piloté par des associations loi 1901, présente des risques accrus de dérives sanitaires. Ces centres, comme Dentifree ou Dentexia, se sont développés rapidement au cours des dernières années, attirant une patientèle nombreuse grâce à des tarifs attractifs. Cependant, ils sont régulièrement pointés du doigt pour leur fonctionnement lucratif qui, selon les critiques, se fait au détriment de la qualité des soins et du respect des normes d’hygiène.
Le Dr Jouines voit dans cette fermeture le symptôme d’un problème plus profond. « Lorsque vous cherchez à maximiser les profits, cela peut affecter les coûts d’hygiène, d’entretien et la qualité des soins. Au final, c’est le patient qui en pâtit », explique-t-il. Il estime également que ce modèle est en partie responsable des scandales sanitaires récents dans le secteur dentaire, rappelant notamment le cas de Dentexia en 2015.
La fermeture de ce centre laisse de nombreux patients dans l’incertitude. Plusieurs dizaines de rendez-vous ont été annulés, et la patientèle se trouve désormais sans solution de suivi immédiat, dans un contexte où l’accès aux soins dentaires est déjà tendu dans la région. En Vaucluse, la pénurie de chirurgiens-dentistes est préoccupante, avec un manque estimé de 30 à 40 praticiens selon le syndicat des chirurgiens-dentistes. Ces dernières années, plusieurs départs à la retraite n’ont pas été remplacés, aggravant la situation.
Depuis la mise en place de la réforme du « 100 % santé » en 2021, qui a harmonisé les tarifs entre les structures libérales et associatives, l’ARS intensifie ses contrôles sur ces centres. Cette vigilance accrue contribue à fragiliser le modèle économique de ces structures, souvent accusées de profiter d’un statut d’association tout en générant des profits importants.
Source : La Provence