Un chirurgien-dentiste de 37 ans a été condamné à un an de prison avec sursis par le tribunal de Beauvais pour avoir administré des pâtes de fruit au cannabis à deux collègues sans les prévenir. L’une d’elles a fait un malaise et s’est retrouvée aux urgences, transformant ce que le praticien qualifiait de « blague » en affaire judiciaire.
Les faits : des friandises qui tournent mal
Le 17 mars 2025, Joël, dentiste dans un cabinet de Beauvais, offre des pâtes de fruit « pour la gorge » à deux de ses collègues. Habitué à apporter viennoiseries, friandises et boissons à son équipe, le praticien ne suscite aucune méfiance.
L’une des employées en consomme une petite quantité, tandis que l’autre en absorbe une quantité plus importante. Rapidement, cette dernière ressent un malaise : crise d’angoisse, perte de connaissance. Sa mère vient la chercher pour l’emmener aux urgences.
Une fois aux urgences, les analyses révèlent la présence de THC dans son organisme, l’une des molécules contenues dans le cannabis. La victime fait immédiatement le lien avec les curieuses pâtes de fruit offertes par le dentiste. Elle conseille à sa collègue de faire également des analyses, qui s’avèrent également positives au THC.
L’enquête : reconnaissance partielle des faits
Placé en garde à vue, le dentiste reconnaît avoir donné ces friandises en sachant qu’elles contenaient un dérivé de cannabis, sans en informer ses collègues. À la barre, il tente de justifier son geste : « C’était des bonbons au CBD que j’avais achetés dans une boutique à Beauvais. J’en prenais parfois et cela ne me faisait rien de spécial. C’est une blague qui a mal tourné. »
Cependant, un épisode antérieur complique sa défense. En août précédent, il avait déjà tenu des propos déplacés auprès de cette même collègue, qui l’avait repoussé. Le dentiste nie toute ambiguïté, maintenant que « c’était pour rire ».
Des conséquences durables pour la victime
La principale victime ne partage pas cette vision désinvolte des faits. À l’audience, elle déclare : « Je suis choquée par ses propos, la banalisation qu’il donne à ce qu’il a fait, choquée qu’un professionnel de santé puisse faire cela à une personne. »
Les conséquences se révèlent durables : toujours en arrêt maladie après les faits, elle rencontre des problèmes de sommeil et bénéficie d’un suivi psychologique. Son avocat dénonce « l’hypocrisie intellectuelle » du prévenu et rappelle qu’il a « drogué ma cliente à son insu ».
Une condamnation sans appel
La procureure ne croit pas à la version de la « blague », rappelant « le contexte tendu » dans le cabinet dentaire et soulignant qu’en tant que médecin, il connaissait le caractère nuisible de cette substance. Elle avait requis 18 mois de prison avec sursis, une interdiction d’exercer pendant un an et s’opposait à la non-inscription de la condamnation au casier judiciaire.
Malgré la relaxe plaidée par la défense, qui estimait que l’élément intentionnel de nuire n’était pas démontré, le tribunal a prononcé un an de prison avec sursis simple. Il a également rejeté la demande de non-inscription au casier judiciaire, inaugurant ainsi le parcours judiciaire du praticien.
Source : L'observateur de Beauvais










