À une époque où le métier de dentiste était considéré avec scepticisme, la découverte de la cocaïne au milieu du XIXe siècle a marqué un tournant décisif. Cet extrait de la plante de coca, connu pour ses propriétés anesthésiantes locales, a grandement contribué à la professionnalisation de la dentisterie, comme le relate un article de France Inter basé sur les travaux de Zoë D., historienne de la médecine à l’Université de Saskatchewan.
Une profession mal vue
Avant la cocaïne, les dentistes, souvent perçus comme des charlatans, se déplaçaient de ville en ville, sans reconnaissance officielle de la médecine. Leur pratique se limitait principalement à l’extraction douloureuse des dents, souvent accompagnée de musiciens pour couvrir les cris des patients.
La découverte et l’importation de la Coca
La coca, utilisée depuis des millénaires en Amérique du Sud pour ses vertus thérapeutiques, est introduite en Europe au XVIIe siècle. Cependant, son importation s’avère complexe, les feuilles se dégradant rapidement. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la cocaïne est isolée, initialement utilisée dans des boissons comme le vin Mariani.
Une anesthésie révolutionnaire
La cocaïne, en tant qu’anesthésique local, marque une révolution dans le domaine médical. Contrairement à la morphine, au chloroforme ou à l’éther, qui anesthésient tout le corps, la cocaïne permet des interventions plus ciblées. Son utilisation en dentisterie, soit par application directe sur un coton ou par injection dans la gencive, réduit considérablement la douleur des soins dentaires, attirant ainsi une patientèle plus large.
Impact sur la pratique et le matériel dentaire
Cette avancée conduit à des innovations comme le fauteuil dentaire moderne, conçu pour les patients risquant des syncopes sous l’effet de la cocaïne. Cette évolution matérielle, couplée à l’efficacité de l’anesthésie, contribue grandement à la légitimité et la popularité des dentistes.
La controverse et l’intégration à la médecine officielle
La popularité croissante des dentistes utilisant la cocaïne a cependant déclenché une controverse, notamment sur ses risques cardiaques. En 1892, un compromis est trouvé : l’utilisation de la cocaïne est limitée au corps médical, mais en contrepartie, un diplôme de dentiste intégré à la profession médicale est créé.
De médicament à drogue
Avec le temps, la cocaïne perd sa prééminence en médecine, surtout après son classement comme stupéfiant en 1916 en France. Aujourd’hui, elle est remplacée par des anesthésiques plus sûrs et adaptés, comme l’articaïne ou la lidocaïne, en dentisterie.
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