À partir du 1er décembre 2024, la prescription des médicaments contenant du tramadol et de la codéine (ou de la dihydrocodéine) devra obligatoirement se faire sur une ordonnance sécurisée, comme l’a annoncé l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Cette décision vise à renforcer la sécurité d’utilisation de ces médicaments opioïdes, connus pour leurs risques importants de mésusage, dépendance, et surdosage.
Une mesure renforcée pour contrer les abus
Le tramadol et la codéine, fréquemment prescrits pour traiter les douleurs modérées à sévères, sont régulièrement associés à des cas de mauvaise utilisation et d’ordonnances falsifiées. En dépit de plusieurs mesures précédentes mises en place, telles que la prescription médicale obligatoire pour la codéine depuis 2017 et la réduction de la durée maximale de prescription du tramadol à 12 semaines en 2020, les problèmes d’abus et de dépendance persistent.
C’est pour cette raison que l’ANSM franchit une nouvelle étape en imposant la prescription de ces médicaments sur des ordonnances sécurisées, sur lesquelles devront être mentionnés en toutes lettres le dosage, la posologie et la durée du traitement. Cette mesure concernera aussi bien les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine seuls que ceux qui les associent à d’autres substances, telles que le paracétamol ou l’ibuprofène.
Alignement des durées de prescription et nouvelles règles pour la codéine
Jusqu’à présent, la codéine pouvait être prescrite pour une durée plus longue que le tramadol. Mais à partir du 1er décembre, la durée maximale de prescription de la codéine sera également limitée à trois mois (12 semaines), tout comme pour le tramadol. Au-delà de cette période, une nouvelle ordonnance sécurisée sera requise pour prolonger le traitement. Cette harmonisation s’inscrit dans une volonté de limiter le risque de dépendance à ces substances, largement utilisées dans le traitement des douleurs chroniques et des toux sèches gênantes.
Sensibilisation des professionnels de santé et des patients
L’ANSM insiste sur l’importance d’une prescription prudente et sur la nécessité de réévaluer régulièrement les traitements opioïdes. Pour les douleurs aiguës, il est recommandé de limiter la durée de traitement à 3 à 14 jours et pour les douleurs chroniques, une réévaluation doit avoir lieu tous les trois mois. De plus, afin d’éviter un syndrome de sevrage, il est conseillé de réduire progressivement la posologie jusqu’à l’arrêt complet du médicament.
Cette réforme s’accompagne d’une nouvelle campagne de sensibilisation à destination des professionnels de santé, rappelant les bonnes pratiques pour la prescription et la dispensation de ces médicaments. Elle prévoit également la mise en place de mesures d’information renforcées pour les patients, notamment par l’apposition de mentions d’alerte sur les boîtes de médicaments contenant du tramadol ou de la codéine.
Des ordonnances sécurisées pour une meilleure traçabilité
L’ordonnance sécurisée, déjà utilisée pour la prescription de certains stupéfiants, est un dispositif renforçant la traçabilité et la sécurité de délivrance. Elle comporte des éléments spécifiques, tels qu’un filigrane et des informations rédigées de manière manuscrite par le prescripteur. L’objectif est de prévenir les fraudes et les détournements d’ordonnances, tout en assurant un suivi plus rigoureux des traitements délivrés.
Enfin, l’ANSM rappelle que les ordonnances émises avant le 1er décembre 2024 resteront valables jusqu’à leur expiration. Les professionnels de santé et les pharmaciens sont invités à rester vigilants quant aux risques liés à l’usage prolongé des opioïdes, en privilégiant les plus petits conditionnements possibles pour éviter un usage excessif.