Face à l’anxiété dentaire des enfants, les techniques comportementales sont essentielles pour garantir un soin serein. Une étude récente compare trois approches : la méthode traditionnelle “Tell–Show–Do”, l’ajout de vidéos et l’usage d’une application mobile. Résultat : la technologie fait la différence.
Contexte : l’anxiété dentaire, un obstacle à la prévention précoce
Chez l’enfant, l’anxiété liée aux soins dentaires peut compromettre à la fois la qualité des soins et l’adhésion au suivi bucco-dentaire. Elle est souvent alimentée par la crainte de la douleur ou l’inconnu. Pour y remédier, les dentistes pédiatriques ont recours à des techniques de guidance comportementale, dont la plus courante est la méthode TSD (Tell–Show–Do), validée depuis des décennies.
Mais à l’heure où les écrans font partie du quotidien des jeunes patients, une question se pose : les outils technologiques sont-ils plus efficaces que les méthodes conventionnelles pour apaiser l’anxiété dentaire ?
L’étude : trois méthodes comparées chez l’enfant de 6 à 8 ans
Objectif
Cette étude randomisée a évalué l’efficacité de trois techniques de guidance comportementale sur l’anxiété et la douleur perçue lors d’une pulpotomie chez 63 enfants de 6 à 8 ans.
Méthodologie
Les enfants ont été répartis en trois groupes :
- Groupe 1 : Méthode TSD classique.
- Groupe 2 : TSD + vidéo de modélisation (observation d’un autre enfant coopératif).
- Groupe 3 : TSD + application mobile “Roogies”, expliquant de manière ludique les étapes du soin.
Des mesures physiologiques (tension artérielle, fréquence cardiaque, SPO₂), psychométriques (MCDASf), et subjectives (Wong–Baker, FLACC) ont été relevées à quatre moments clés du soin.
Résultats : la technologie l’emporte
Une baisse mesurable de l’anxiété
Les scores d’anxiété (MCDASf) et de douleur perçue (WBFPRS) étaient significativement plus faibles dans le groupe 3 (application mobile) que dans les deux autres groupes. Les enfants semblaient plus détendus et mieux préparés au soin.
Du côté des paramètres physiologiques, le groupe 3 présentait une baisse notable de la pression artérielle systolique et diastolique en fin de séance, témoignant d’une meilleure gestion du stress.
Des résultats nuancés pour la douleur observée
Les scores FLACC (évaluation comportementale de la douleur) n’ont pas montré de différence significative entre les groupes, ce qui peut s’expliquer par la subjectivité des comportements observés, ou la courte durée du soin.
Implications cliniques : vers une intégration des outils numériques
L’étude souligne l’intérêt d’intégrer des applications mobiles dans la préparation comportementale des enfants. Pourquoi cela fonctionne-t-il ?
- Familiarité avec les supports numériques : les enfants s’identifient plus facilement à un environnement digital qu’à un discours verbal.
- Présentation ludique et interactive : l’application transforme l’appréhension en curiosité.
- Effet de modélisation immédiate : les enfants visualisent ce qui va se passer, ce qui réduit l’inconnu, principal moteur de l’anxiété.
Limites et perspectives
Cette étude a été menée dans un seul centre hospitalier universitaire, auprès d’une population homogène. De plus, elle n’évalue pas l’impact à long terme de l’usage de ces outils numériques.
Cependant, elle ouvre une voie prometteuse : le renforcement des approches de communication digitale dans les cabinets de pédodontie, que ce soit en salle d’attente ou en amont des soins.
Moderniser l’approche comportementale pour plus de confort au fauteuil
Cette étude démontre que l’utilisation d’une application mobile en complément de la méthode TSD permet de réduire l’anxiété dentaire et la perception de la douleur chez les enfants. Pour les chirurgiens-dentistes, cela représente une opportunité concrète d’améliorer la coopération et l’expérience patient dès le plus jeune âge.