Le métier d’assistant.e dentaire est souvent perçu comme un poste de soutien discret au fauteuil. Pourtant, derrière les sourires et la rigueur quotidienne, se cache une réalité bien plus lourde à porter. Une étude récente du British Dental Journal révèle que 92 % des assistant.e.s dentaires déclarent avoir souffert de burn-out.
Un métier exigeant, souvent sous-estimé
Le rôle d’une assistant.e dentaire va bien au-delà de l’aide opératoire. Accueil, préparation du matériel, gestion des stocks, respect des protocoles d’hygiène, suivi administratif : la polyvalence est la norme. Cette multiplicité des tâches demande une concentration constante et une capacité à gérer simultanément technique, relationnel et imprévus.
Cependant, ce travail de l’ombre reste peu valorisé. En témoignent de nombreuses assistant.e.s britanniques, qui dénoncent une forme d’invisibilité dans leur propre structure. Le manque de reconnaissance, à la fois de la part des praticiens et des patients, est une source majeure de démotivation et de souffrance.
Isolement et surcharge mentale : des risques bien réels
L’absence de soutien au quotidien
De nombreuses assistant.e.s se retrouvent seules face à leurs difficultés, sans collègue à qui parler ou sans cadre leur permettant d’exprimer leurs ressentis. Le manque de communication dans les cabinets est un facteur aggravant. Sans débriefing, sans espace d’échange, les tensions s’accumulent.
Je suis la seule assistante du cabinet. Quand une journée est difficile, je n’ai personne à qui confier ce que je ressens. Même mes proches ne comprennent pas toujours.
Une charge de travail croissante
Les journées sont longues, rythmées par les urgences, les imprévus et la pression du timing. À cela s’ajoute le manque de temps personnel : peu de congés, des horaires extensibles et une sensation de ne jamais décrocher. Le sentiment d’être « coincée », de ne plus pouvoir dire non ou poser des limites est fréquent.
Je prends sur moi en permanence. Refuser une tâche, c’est mal vu. Mais à la fin, je m’épuise.
Une estime de soi fragilisée
L’impact psychologique du burn-out est profond. Beaucoup d’assistant.e.s perdent confiance en leurs compétences, doutent de leur valeur, voire de leur place dans le cabinet. Ce mal-être quotidien peut mener à une réelle détresse.
J’ai l’impression de ne jamais en faire assez. Je me demande sans cesse si j’ai bien fait.
Par peur du jugement, elles n’osent pas toujours parler à leur employeur ou à leurs collègues. Certaines redoutent d’être perçues comme « incompétentes » ou « fragiles ».
Des solutions à construire ensemble
Le mentorat : une piste prometteuse
Dans l’étude britannique, 95 % des assistant.e.s interrogées estiment qu’un accompagnement par un mentor pourrait leur être bénéfique. En France, cette pratique reste encore marginale mais mériterait d’être développée. Un programme de mentorat encadré et bienveillant offrirait un espace d’écoute, de partage et de montée en compétences.
Mieux valoriser le rôle des assistant.e.s
Il est essentiel que les chirurgiens-dentistes reconnaissent pleinement la contribution des assistantes dans le fonctionnement du cabinet. Cela passe par des remerciements explicites, une rémunération cohérente et surtout, une implication dans les décisions organisationnelles. Une équipe soudée et bien considérée est une équipe performante.
Le burn-out chez les assistant.e.s dentaires n’est pas une fatalité. En reconnaissant leur rôle central, en favorisant la communication et en développant des dispositifs de soutien, les cabinets peuvent prévenir ce mal-être silencieux. Car derrière chaque praticien efficace, il y a un.e assistant.e compétente… et elle mérite toute notre attention.
Source de l’étude : Do dental nurses and trainee dental nurses suffer from job-related stress and could mentorship help them to cope with that stress? – British Dental Journal, 2025